lundi 15 octobre 2018

Quand le temps s'arrête...

Quand un malheur nous frappe, qu'il soit arrivé soudainement ou attendu, qu'il ait une incidence sur le collectif ou sur notre intime, on se se souvient.
On se souvient d'où et avec qui on était, de la musique qu'on écoutait, de l'odeur qu'on sentait, de ce qu'on lisait ou ce que l'on faisait avant que le temps s'arrête.

Quand les deux tours sont tombées, j'étais à Bruxelles avec ma meilleure amie. Quand je suis rentrée dans le bureau de tabac où un petit poste de télé renvoyait les images j'ai cru que le commerçant regardait un mauvais film catastrophe. J'ai compris quand j'ai vu qu'il s'agissait d'une chaîne d'information.

Quand j'ai appris que ma grand-mère était morte, j'étais dans mon appartement d'étudiante à Lyon. Je me souviens m'être assise sur le rocking chair et m'être dit que je n'étais pas là où je devais être pour étreindre ma mère. Suite à l'annonce j'ai décidé de regardé Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain qui dès ce jour est devenu mon film doudou.

Quand j'ai appris, abasourdie car ce n'était pas possible, l'attaque à Charlie Hebdo, nous étions dans notre appartement avec mon compagnon en train de regarder Canal+ et la tristesse de Mathieu Madénian. Je n'ai pas pu manger.

Quand le Bataclan était pris d'assaut, nous écoutions du punk dans un bar du coin avec un groupe de potes. Le lendemain nous y étions de nouveau avec une tristesse et une colère adoucies par la bière qui coulait à flots. Pendant ce temps on violait notre intimité, pour la première fois nous étions cambriolés.

Quand j'ai fêté mes 35 ans en grande folie et entourée d'amis sincères, ma mère était hospitalisée pour sa première crise d'épilepsie qui marquerait le début de la fin.

Quand maman est morte je l'ai su et senti avant même d'écouter le message de mon père. Une sensation dans mon corps comme une dernière caresse alors que j'étais au travail entourée de gamins pour une animation. Mon frère était là et a compris aussi rapidement que moi.

Quand le temps s'arrête, de malheur ou de bonheur, il laisse une cicatrice dans nos cœurs comme une marque indélébile qui rappelle qu'il faut se souvenir.

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